Des problématiques de manque de ressources en richesse humaine ?

Des problématiques de manque de ressources en richesse humaine ?

16/06/2022

Au commencement d’une saison estivale qui s’annonce chargée, le constat est partagé et sans appel : le spectacle vivant manque de bras.

Un des facteurs prépondérants s’explique par la forte reprise du secteur en post-covid, avec une programmation conséquente et des dates qui se chevauchent fatalement : au delà de la pénurie de matériel qui en découle, il y a donc un surplus de travail alors que le secteur du spectacle vivant a perdu en personnel, notamment intermittent.

La crise du Covid peut expliquer en partie ces difficultés : la fermeture des lieux de représentation a entraîné une inactivité totale ou partielle massive, touchant l’ensemble du secteur culturel et des métiers, à l’exception de certains postes administratifs. Si cet arrêt de presque deux ans a eu pour conséquence une baisse de revenus pour 73% des professionnels, les impacts psychologiques ont été plus impactants pour 49%  d’entre eux. Cette pause forcée a poussé près d’un professionnel sur deux à amorcer ou envisager une reconversion professionnelle pendant la crise. Il y a certes une raison financière en premier lieu : 73% des professionnels du spectacle vivant ont subi une perte de revenus en 2020. Mais certains ne sont pas revenus au spectacle vivant : les études sur le sujet manquent encore mais le chiffre avancé est de l’ordre de 30% du personnel ayant quitté le monde du spectacle.

Cette reconversion ne manque pas d’interpeller, d‘autant que le même constat de pénurie de personnel s’établit pour des postes permanents. Les structures peinent en effet à recruter : les candidatures ne sont pas nombreuses, même pour des territoires habituellement attractifs comme Bordeaux, et certains postes ne sont pas pourvus.

A ce manque de profils expérimentés se rajoute une diminution notable des futurs professionnels. Les jeunes diplômés de la période Covid, n’ayant pas pu s’exercer, ont des difficultés à trouver un emploi et ont parfois abandonné une carrière naissante. Et du côté des organismes de formation, le constat est identique : depuis la période Covid, le nombre de candidatures est fortement à la baisse, même avec la promesse d’un diplôme et d’un contrat d’apprentissage.

Se pose donc la question de l’attractivité des métiers techniques. Il serait donc nécessaire en premier lieu de s’interroger sur les raisons pour lesquelles les professionnels quittent ces métiers et d’établir un diagnostic : pénibilité, difficulté à concilier vie personnelle et professionnelle, raisons financières, problèmes de santé… ?  Cela permettrait d’envisager un plan d’action pour valoriser l’image des métiers techniques et les promouvoir.

 

Si l’on se penche du côté des bénévoles, même pénurie : l’APMAC constate une augmentation significative du nombre de demandes de prestations sur des évènements où le matériel loué était généralement mis en œuvre par des équipes bénévoles. Les associations font état d’un essoufflement général : manque de motivation, sur-sollicitation des bénévoles déjà présents, difficultés à recruter des nouveaux…

Le spectacle vivant faisant partie des secteurs associatifs disposant des budgets les plus faibles, le recours au bénévolat reste un enjeu essentiel : pour citer quelques chiffres, en 2011, sur 267 000 associations culturelles, 35 100 emploient au moins un salarié, l’activité de toutes les autres reposant exclusivement sur la participation bénévole. Le nombre de bénévoles des associations culturelles est estimé à 4,7 millions, soit 20% de l’ensemble du bénévolat. Comment attirer et fidéliser les bénévoles œuvrant dans le spectacle ? Il semble qu’un nouveau modèle associatif soit à inventer.

 

Ce constat unanime de manque de bénévoles et de professionnels pose désormais une question essentielle : si cette situation perdure, les acteurs du spectacle vivant seront-ils en capacité de maintenir l’offre culturelle telle que nous la connaissons ? Sera-t-il possible de maintenir l’accès à la culture pour tous ? De continuer à mettre en valeur le territoire, notamment pour le tourisme, et de favoriser son attractivité pour l’installation de nouveaux actifs ? Parce qu’en fin de compte, ne perdons pas de vue que la culture est essentielle.

 

Sources :