Initiée dans les années 70 comme une réponse à la disparition du tissu industriel en France et en Europe, la reconversion des friches a permis de se réapproprier des espaces vacants et identifiés comme des « verrues » urbaines.
Souvent à l’initiative des collectivités qui s’engageaient dans un long processus de revalorisation urbaine, certaines reconversions ont aussi permis à des collectifs composés notamment d’artistes d’imaginer de nouvelles approches afin de reconstruire le lien social disparu avec le modèle industriel hérité du XIXème siècle.
Une autre des ambitions était de redonner la fierté aux populations des quartiers accueillant ces friches.
Aujourd’hui une dimension écologique vient s’ajouter aux problématiques de cohésion sociale. En effet la requalification des espaces désaffectés participe à la sauvegarde des terres en freinant leur artificialisation. Ce nouvel enjeu a motivé le fléchage de fonds publics Européens et Nationaux conséquents, notamment dans le cadre du plan de relance post-covid.
En application de sa feuille de route NéoTerra, la Région Nouvelle Aquitaine a lancé une politique de résorption des friches afin de recycler le foncier artificialisé et ainsi contribuer à une logique de sobriété foncière. Ces friches constituent un gisement foncier et la reconquête de ces espaces répond à des enjeux concrets de réduction de l’étalement urbain, de requalification urbaine, de limitation des risques et des nuisances que constituent les friches, et aussi de présence de la nature en ville et de restauration des continuités écologiques.
Qu’ils soient le résultat d’une volonté politique ou de celle de la société civile, les projets existants qui perdurent démontrent tous qu’une complicité doit s’établir entre les acteurs institutionnels et indépendants.
En effet la rénovation des friches rencontre de nombreux freins, qu’ils soient d’ordre financier (coût de réhabilitation et de dépollution des sols élevé et nécessitant l’apport de fonds publics), d’ordre juridique (mille-feuille réglementaire, droit de préemption ou d’expropriation…) ou de l’absence de volonté de l’action publique pour simplifier les procédures administratives ou la fiscalité appliquée. La question de la gouvernance démocratique, certains diront organique, du projet devient aussi essentielle lorsqu’il s’agit d’être réactif et adaptable à un environnement incertain. Aussi seule cette complicité permettra de franchir les obstacles rencontrés.
En Nouvelle Aquitaine, l’inventaire de l’APMAC recense 41 friches reconverties en lieux scéniques. Il ne s’agit pas exclusivement de friches industrielles mais aussi de friches agricoles, commerciales, militaires, voire d’anciens lieux de culte. Le potentiel existant est considérable et de nombreux territoires pourraient être concernés dans un futur plus ou moins proche. Il sera alors essentiel de structurer des équipes chargées de mener les projets, capables de s’inspirer des expériences existantes et de permettre l’innovation pour garantir une réhabilitation réussie répondant aux attentes des populations et à la hauteur des enjeux climatiques et sociétaux qui s’annoncent.
Sources :
- Appel à projets de la Région Nouvelle Aquitaine – « recyclage foncier », 2020-2021
- Les friches en Europe : reconvertir l’industriel en culturel – Pour la solidarité, note d’analyse, mars 2018
- La transformation des friches industrielles en lieux culturels – Territoires associés, rédacteur Julien Jacques, octobre 2016
- Inventaire APMAC