Réhabiliter ou construire une salle de spectacle : l’exemple de la Maline

Réhabiliter ou construire une salle de spectacle : l’exemple de la Maline

05/10/2021

Concevoir un lieu accueillant du spectacle vivant dans les meilleures conditions techniques possibles, et dans la limite des moyens financiers et humains disponibles, nécessite l’intervention de multiples compétences mais surtout du temps. Concilier les attentes et les contraintes des différents porteurs de projets (élus, chargés de mission, techniciens) et des futurs utilisateurs/usagers peut s’avérer ardu et générateur de tensions.

La réussite d’une construction ou d’une réhabilitation de salle de spectacle est indissociable d’un projet bien défini dès le départ, où chaque acteur trouve sa place en bonne intelligence.

Tour d’horizon des étapes incontournables d’une construction ou d’une réhabilitation réussie avec l’exemple de La Maline, équipement culturel géré par la Communauté de communes de l’île de Ré.

 

Le projet La Maline

Construite en 1993, La Maline comportait une unique salle, nécessitant des adaptations permanentes pour proposer à la fois spectacles et projections de cinéma. Les bâtiments, appartenant à la commune de La Couarde-sur-Mer, ont vu leur gestion transférée à la Communauté de communes de l’île de Ré en 2011. L’exploitation des lieux est confiée jusqu’en 2019 à l’association ARDC-La Maline, qui proposait une programmation en salle, puis en « hors les murs » à partir de 2017 (fermeture pour travaux). La Communauté de communes prendra en octobre 2019 le relais d’exploitation, en intégrant les salariés de l’association.

Le projet de réhabilitation, initié en 2011, est issu d’un souhait commun de la collectivité et de l’ARDC-La Maline : disposer de deux salles. Une grande salle qui pourra accueillir du spectacle vivant mais aussi du cinéma ; une deuxième salle qui sera dédiée au cinéma et à des conférences. Coconstruit entre différents acteurs, ce projet verra son aboutissement début 2022 avec la mise en service de ce nouvel équipement.

 

                                                                                                            Crédit : Cabinet Blond & Roux

Les différentes étapes

Annabelle Bariteau, directrice du service Culture au sein de la CdC, a suivi cette réhabilitation et est partie prenante de la maîtrise d’ouvrage (NB : MOA=personne morale pour laquelle l’ouvrage est construit) : « Le cabinet d’architectes Blond&Roux travaille sur le projet depuis 2015. En parallèle, la CdC a finalisé le projet culturel spectacle vivant et cinéma du territoire, en concertation avec les salariés et administrateurs de l’association ARDC- La Maline, ainsi que les acteurs culturels du territoire. »

La salle ferme en 2017 et le chantier, qui débute en 2018, fait face à d’inévitables contraintes. « La proximité de l’océan entraîne notamment des adaptations architecturales liées à la submersion. Et suite à une rupture de câble en octobre 2018, les restrictions de circulation sur le pont de l’île de Ré ont retardé l’acheminement de la grue sur le site » précise Annabelle. Sans compter de nombreux autres retards cumulés.

La CdC s’est tournée vers l’APMAC fin 2016 pour bénéficier des services de la mission de conseil en aménagement de salle et scénotechnie. « Nous souhaitions avoir un regard extérieur, un avis d’une structure connaissant bien le territoire, les besoins des artistes et techniciens mais aussi un appui sur nos choix en complémentarité avec  une équipe de maîtrise d’œuvre aguerrie » (NB : maîtrise d’œuvre ou MOE=chargée du projet architectural par la MOA).

Dans le cadre de cette mission de conseil en aménagement de salle et scénotechnie, l’APMAC prend part à la maîtrise d’ouvrage en tant que conseiller technique (Assistant à la Maîtrise d’Ouvrage = AMOA), en accompagnant le porteur de projet dans toutes les phases de réalisation. Financée par la Région Nouvelle Aquitaine, cette mission a une double vocation : sensibiliser les maîtrises d’ouvrage aux spécificités techniques du spectacle vivant et permettre d’optimiser l’utilisation des fonds publics.

Au moment de la sollicitation de l’APMAC, les plans étaient déjà arrêtés ; l’intervention de Vincent Robert n’a pas nécessité de revoir ces plans mais Annabelle précise qu’il a « soulevé des problématiques bien précises, notamment la régie, qui doit être ouverte pour les spectacles mais fermée pour le cinéma, en raison du bruit émis par le projecteur numérique. Il a ainsi été proposé une régie ouverte, avec un projecteur placé dans un caisson acoustique, sur un chariot roulant ».

De la naissance du projet à la livraison du lieu, il se sera écoulé presque 10 ans : il est nécessaire de prendre en compte la temporalité spécifique à la réalisation d’un projet de cette envergure, du commencement du projet jusqu’à la livraison du bâtiment. A noter que durant 4 ans, des activités hors les murs ont pu perdurer dans les différentes communes avec spectacles et cinéma itinérant.

 

                                                                                                                                  Crédit : Cabinet Blond & Roux

 

Quels conseils apporterait-elle à des porteurs de projet ? Annabelle souligne l’importance de « déterminer les activités souhaitées, dont découleront les aménagements. Il est capital de savoir ce que l’on veut proposer dans cet équipement ». Elle ajoute qu’il est essentiel « d’aller visiter d’autres lieux et de découvrir d’autres fonctionnements, voir comment les activités se traduisent sur le terrain ».

Se lancer dans un projet de cette ampleur nécessite donc en premier lieu de déterminer très précisément les activités accueillies par le lieu et de définir le mode de fonctionnement de la structure en termes de gestion (privé, associatif, EPCI, DSP…), d’organisation mais aussi de personnel ». Il s’agira ensuite de réfléchir aux locaux, infrastructures et équipements nécessaires pour que le lieu soit en adéquation avec le projet.

Annabelle résume : « il est indispensable de s’entourer des bonnes personnes et de choisir le bon maître d’œuvre. Mais également de s’intégrer dans les réseaux et prendre tous les conseils possibles ». Et ne pas oublier : « Tous les détails comptent au final, jusqu’au boulon repeint en noir ».

 

Ressources sur l’aménagement de salles de spectacles

⇒ Plaquette APMAC sur le conseil en aménagement de salle → ICI

⇒ Fiche pratique « De la salle polyvalente au lieu de spectacle » de L’A. Agence culturelle Nouvelle-Aquitaine, l’agence Auvergne-Rhône-Alpes Spectacle Vivant et Artis le lab en Bourgogne-Franche Comté (ICI)

⇒ Fiche pratique « Réussir sa salle de spectacle » (ODIA Normandie, APMAC, Agence culturelle Grand Est) → ICI

⇒ Vidéos (ODIA Normandie, APMAC, Agence culturelle Grand Est) → ICI

  • Aménagement scénique – Histoire de la scénographie
  • Aménagement scénique – Réussir sa salle de spectacle
  • Aménagement scénique – Espaces et volumes

 

Pour en savoir plus

La Maline : Tél 05 46 29 93 53 – Site internet

Conseil en aménagement de salles : APMAC 05 46 92 13 69 – contact@apmac.asso.fr – Site internet : ici