Les métiers techniques du spectacle : le régisseur général

Les métiers techniques du spectacle : le régisseur général

28/08/2023

Après les métiers de rigger (ICI) et de régisseur plateau (ICI), voici le troisième volet de notre dossier sur les métiers techniques du spectacle vivant : focus aujourd’hui sur le métier de régisseur général.

 

Les missions du régisseur général

Indispensable à la réussite d’un spectacle ou évènement, le régisseur général est responsable de la coordination technique, logistique et administrative d’une production, de sa préparation jusqu’à sa fin.

Le régisseur général a pour mission de rendre compatibles les demandes artistiques avec les moyens techniques. En plus des compétences techniques, il doit donc avoir des connaissances du milieu culturel et artistique. Il fait le lien entre sa direction (chefs d’établissements, directeur technique) et les équipes artistiques et techniques pour garantir le bon déroulement du spectacle et apporte son expertise et ses préconisations à sa direction dans l’ensemble de ces domaines. Il est techniquement responsable de sa préparation, de son organisation et de son exploitation et supervise les moyens matériels, techniques, financiers et humains pour que l’événement ou le spectacle se déroule sans encombre.

Véritable guide de l’organisation matérielle et logistique de l’évènement, le régisseur général intervient sur les trois moments clés : avant, pendant et après l’évènement. Il peut par exemple devoir gérer des demandes d’autorisation, des accords de propriétaires ou encore le blocage de rues. La régie générale demande donc des notions solides en gestion budgétaire, planification logistique,  coordination mais aussi ressources humaines.

L’aspect humain est primordial dans ce corps de métier car le régisseur général anime et coordonne les équipes techniques et l’ensemble des régies spécifiques (son, lumière, plateau). Cela demande une bonne dose d’aisance sociale et l’attrait pour le travail en équipe est impératif. Il peut également être chargé d’encadrer le personnel d’accueil et divers prestataires. Si besoin est, il est en charge de la résolution de conflits.

En terme de sécurité, le régisseur général est également en charge de la prévention des risques au quotidien pour les travailleurs et le public : il fait appliquer les consignes et règlements et prend toute initiative afin de parer aux incidents et accidents.

Il peut être responsable du fonctionnement d’un lieu de diffusion.

Le rythme journalier d’un emploi de régisseur général varie selon plusieurs critères clés : la durée du spectacle, le lieu mais aussi la nature du projet. De fait, il peut travailler de jour comme de nuit, ou bien week-ends et jours fériés. Les déplacements sont très réguliers et commencent bien en amont de la représentation pour des réunions et des repérages.

 

 

Comment devenir régisseur général ?

Pour devenir régisseur général, il faut acquérir les compétences méthodologiques et techniques d’encadrement, de gestion et d’organisation des manifestations du spectacle vivant et de l’évènementiel. Il s’agit également de maîtriser les problématiques technologiques, de sécurité, de gestion, de législation du travail, de planning et de management.

La formation d’un régisseur général peut être assez variée et s’exercer :

  • Après une formation « sur le tas » avec diverses expériences professionnelles, particulièrement dans des domaines techniques. Les régisseurs généraux peuvent débuter leur carrière en travaillant comme techniciens sur des productions de petite envergure, puis progresser en assumant des responsabilités plus importantes. Ces expériences peuvent être confortées par des actions de formation continue : les compétences manquantes ou à approfondir sont ainsi acquises via des modules de formation courts, finançables via les fonds de la formation professionnelle (AFDAS ou Pôle Emploi par exemple) ;
  • Suivre une formation certifiante dans un centre de formation en vue de l’obtention du titre de régisseur général de spectacle et d’évènement, de niveau 6 (bac +3/4). Deux centres disposent de cette certification :
    • Le CFPTS  : titre RNCP 36231 (ICI). Certification préparée au CFPTS (Bagnolet) et au GRIM EDIF (Lyon)
    • L’ISTS : titre RNCP 37611 (ICI). Certification préparée à l’ISTS et à 3iS Paris.

Il est souhaitable que le régisseur général ait suivi des formations spécifiques en prévention des risques : sensibilisation à la prévention des risques professionnels, à la sécurité du public et prévention des risques incendie pour les établissements de type ERP, préparation au CACES, à l’habilitation électrique BS-B0, B1V-BE (manœuvre), travail en hauteur, accroche des appareils de levage de type machinerie scénique et/ou moteurs et ponts, etc.

 

Et ensuite ?

Le métier de régisseur général peut s’effectuer comme salarié intermittent ou permanent en tant qu’employé par une entreprise privée ou par l’administration publique (commune, département, régions…). Les perspectives d’emploi dans le spectacle, l’audiovisuel ou l’événementiel sont nombreuses : salles de spectacle, festivals, tournées, théâtres, agences de communication spécialisées en évènementiel, prestataires, structures de production ou de diffusion, équipes artistiques…

Les activités du régisseur général sont dépendantes de la programmation des spectacles et événements en général : c’est un métier qui implique de nombreux déplacements à l’échelle régionale, nationale, voire internationale pour des tournées.

Le taux d’insertion professionnelle des régisseurs généraux est très bon : 77,5% dans les 6 mois et 88,7% dans les deux ans d’obtention de leur diplôme (source : France Compétences).

 

Témoignage : rencontre avec Loïc Binard-Laurent

Pouvez-vous vous présenter et nous dire quel est votre métier (ou vos métiers !) ?

Depuis un peu plus de 30 ans que je travaille dans le milieu du spectacle, j’ai eu divers métiers que ce soit dans la production (directeur ou administrateur de production) ou dans la technique (régie générale, régie plateau ou direction technique). Depuis quelques années, le hasard a fait que j’ai plus de missions dans la technique.

 

Quel parcours professionnel avez-vous suivi ?

J’ai d’abord fait un bac scientifique puis un bac philo pour ensuite m’orienter vers des études universitaires en philosophie. A cette époque, mis à part l’école de la rue Blanche (ENSATT) et le TNS, tous deux très orientés vers le théâtre, il n’existait pas de formation aux métiers liés aux musiques actuelles. A la fin des années 90, alors que je travaillais déjà comme programmateur dans ce qui deviendra une SMAC et que je faisais déjà de la régie pour un promoteur local, j’ai pu intégrer la formation « Manager du Monde de la Musique » à Issoudun qui était la seule à former aux métiers de la production musicale (spectacle et disque). J’ai donc, comme beaucoup de gens de ma génération, appris le métier de régisseur « sur le tas » et j’ai par la suite fait les formations et habilitations nécessaires à l’exercice de cette profession (habilitations électriques, travail en hauteur, accroche et levage, CACES, SSIAP…) qu’il faut régulièrement renouveler.

 

Comment en êtes-vous arrivé à la régie générale ?

Je suis arrivé à la régie générale par hasard. J’étais programmateur dans une salle de concerts quand un ami m’a dit « j’organise un concert de Noir Désir et je voudrais que tu fasses la régie ». Je lui ai répondu que je n’avais jamais fait cela et qu’il vaudrait mieux qu’il trouve quelqu’un d’autre. « Trop tard, m’a-t-il dit, j’ai donné ton contact à la production et puis c’est pas compliqué, je sais que tu aimes cuisiner eh bien c’est pareil : tu suis la fiche technique comme si c’était une recette et s’il y a un ingrédient que tu n’as pas, tu fais à ta sauce en le remplaçant par un équivalent (avec l’accord du régisseur de la tournée) ! »

Je crois que c’est la meilleure leçon que j’ai jamais eue dans le métier.

 

Quelle différence fait-on avec la direction technique ?

Le régisseur général est celui qui va être le plus en lien direct avec le spectacle. Son rôle est de mettre en œuvre l’ensemble des moyens humains et techniques nécessaires à sa réalisation.

Le directeur technique va quant à lui s’occuper des questions de sécurité, de bâtiment (c’est lui qui va déterminer par exemple les investissements techniques, piloter les travaux etc…).

Selon la taille de la structure dans laquelle on exerce, les deux fonctions peuvent se confondre.

 

Quelles sont les compétences essentielles pour être régisseur général ?

Le régisseur général est comme un chef d’orchestre, on ne lui demande pas de savoir jouer chacun des instruments qu’il doit diriger. Par contre il doit connaître les contraintes et besoins de chaque corps de métiers avec ce que cela implique en termes de moyens techniques, humains, de temps et doit coordonner tout cela dans le respect de la réglementation.

Les qualités essentielles sont : rigueur, anticipation, adaptabilité.

 

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans la régie générale ?

De commencer comme machino (ou road, dans la musique), électro, assistant son et lumière, assistant prod… afin d’avoir une vision globale du spectacle et ensuite faire une formation pour acquérir les bases de méthodologie, de DAO, de sécurité plus spécifiques à la régie générale.

Et enfin, comme dernier conseil, je dirais qu’il faut toujours se mettre à la place du spectateur car c’est pour lui qu’on monte le spectacle.

 

Pour aller plus loin

  • CPNEF SV : métiers techniques du spectacle vivant (ICI)
  • GRIM EDIF : série d’articles sur les métiers (ICI).