Après les métiers de rigger (ICI), de régisseur plateau (ICI), de régisseur général (ICI), de technicien des effets spéciaux (ICI) et de directeur technique (ICI), voici le sixième volet de notre dossier sur les métiers techniques du spectacle vivant : focus aujourd’hui sur le métier de régisseur vidéo.
Les missions du régisseur vidéo
Les évolutions technologiques rapides de ces dernières années et la modification des modes de consommation de la culture ont ouvert des perspectives majeures dans la création et la diffusion de spectacles : le régisseur vidéo, métier récent, a un rôle clé dans la production des événements scéniques modernes. Le régisseur vidéo est ainsi en charge de la préparation, de la mise en place et de l’exploitation de l’ensemble de ces technologies audiovisuelles plus ou moins complexes. Ce n’est pas un métier figé, les missions du régisseur vidéo varient en permanence en fonction de l’esthétique et de la typologie du spectacle ou de l’évènement (théâtre, danse, opéra, musique, cirque, arts de rue, salon, lancement de produit, défilé de mode), mais aussi de la taille du projet et du matériel disponible (vidéoprojecteurs, écrans, écrans LED, connectiques, câblages, logiciels, convertisseurs…). De même, le régisseur vidéo peut être amené à être exécutant, tout comme chef d’équipe, à travailler seul ou en équipe de taille importante, tout en côtoyant les autres corps de métier.
Lorsqu’on évoque le métier de régisseur vidéo, c’est essentiellement la partie diffusion qui s’impose à l’esprit, avec la projection d’images, de vidéos ou d’effets sur des surfaces réelles, que ce soit des surfaces planes (écran, mur, fond de scène…) ou en reliefs (le mapping), qui deviennent des espaces infinis d’art et de création. Cette diffusion permet d’enrichir un décor ou d’ajouter des éléments et devient un aspect essentiel dans la mise en œuvre de l’imaginaire des metteurs en scène et scénographes : le régisseur vidéo est au service du projet, un intermédiaire entre le créateur et la direction technique, il doit déterminer la faisabilité technique du projet et son coût.
Le régisseur vidéo peut également intervenir sur la partie captation avec la prise de son et d’images de spectacles, de concerts ou de répétitions dans le but de les diffuser en live ou en différé pour la télévision ou des plateformes de streaming. Cette partie création de médias comme les teasers, supports de communication essentiel pour la promotion d’un spectacle, devient d’ailleurs un métier à part entière.
Au delà des compétences évidentes en vidéo, le métier nécessite des compétences transversales en électricité, son et lumière mais également des connaissances informatiques (réseaux, formats vidéos) et scientifiques solides (optique, mathématiques, physique) pour calculer notamment les distances, les angles de projection et les facteurs de réflexion. Les qualités relationnelles sont très importantes pour la communication avec les autres travailleurs du plateau, notamment le régisseur lumière afin de trouver le bon équilibre entre lumière et vidéo. Le régisseur vidéo doit aussi disposer d’une culture générale et d’un sens artistique aigu pour traduire les demandes via l’exploitation de ces technologies avancées ou pour filmer un spectacle tout en reproduisant l’expérience spectateur, notamment dans sa relation de proximité avec les artistes.
Comment devenir régisseur vidéo ?
La première voie consiste à suivre une des trois formations de niveau 5 existant actuellement :
- Titre de niveau 5 de « Régisseur de spectacle et d’évènement, spécialisation lumière, plateau/scène, son ou vidéo » du CFPTS. Ce titre est accessible via la formation initiale en deux ans (en apprentissage, lien) ou en reconversion professionnelle (lien). Formation enregistrée auprès de France Compétences sous le numéro RNCP39397 (ICI) ;
- Titre de niveau 5 de « Régisseur technique lumière, son, vidéo » de 3iS (lien) en deux ans. Certification enregistrée au RNCP37634 (ICI) accessible par voie initiale et pour partie en alternance, elle propose une spécialisation en régie vidéo en deuxième année.
- Titre de niveau 5 de « Régisseur technique du spectacle vivant et de l’événementiel » du GRIM EDIF, en deux ans avec spécialisation « Régisseur vidéo – Création et diffusion d’image » en deuxième année (lien). La formation se suit en formation initiale ou continue. L’accès direct en deuxième année est possible sous certaines conditions.
La deuxième solution pour accéder au métier de régisseur vidéo consiste en une évolution de carrière pour les professionnels ayant déjà une expérience conséquente dans les métiers techniques du spectacle, en son ou lumière par exemple, et qui vont continuer à se former sur le terrain et/ou via le suivi de modules spécifiques permettant d’acquérir les compétences manquantes.
Au vu des évolutions technologiques constantes et rapides, il est essentiel pour un régisseur vidéo de continuer à se former pour rester à la pointe des dernières techniques audiovisuelles.
Et ensuite ?
Le métier est en plein essor et offre de nombreuses opportunités professionnelles à ceux qui maîtrisent ces technologies avancées de captation et de diffusion. Il peut s’effectuer comme salarié sous le régime de l’intermittence ou comme permanent en tant qu’employé par une entreprise privée ou par l’administration publique (commune, département, régions…). Les perspectives d’emploi dans le spectacle, l’audiovisuel ou l’événementiel sont donc nombreuses : salles de spectacle, festivals, cirques, tournées, théâtres, opéras, agences de communication spécialisées en évènementiel, prestataires, structures de production ou de diffusion, équipes artistiques…
La rémunération varie en fonction de l’expérience, de la localisation géographique et de la taille de l’entreprise. Le taux d’insertion professionnelle des régisseurs vidéo est excellent : entre 80 et 99% dans les 6 mois à deux ans de l’obtention de leur diplôme (source France Compétences).
Témoignage d’un régisseur vidéo : Alban Judalet
Bonjour Alban, pouvez-vous vous présenter et dire en quoi consiste votre métier ?
Alban Judalet, je travaille sous le régime d’intermittent du spectacle depuis 10 ans dans le secteur culturel et de l’audiovisuel événementiel, plus précisément dans la régie son et la régie vidéo. Mon métier consiste à mettre en œuvre les moyens techniques nécessaires à la captation, à la diffusion ou à la retransmission d’un événement. Cela peut inclure la préparation et l’installation du matériel, la réalisation multicaméra, la diffusion de média mais aussi la gestion de flux de streaming. J’interviens aussi bien sur des événements culturels que sur des conférences, salons ou manifestations sportives.
Quel parcours professionnel avez-vous suivi ?
J’ai suivi un BTS audiovisuel option technique d’ingénierie et exploitation des équipements à Biarritz. Bien que cette formation soit plutôt axée sur les métiers de la régie TV et radio, elle m’a permis d’avoir des bases théoriques solides pour commencer ma carrière dans l’audiovisuel événementiel. J’ai tout d’abord passé deux années à être principalement cadreur et assistant technique ( son ou lumière ) puis j’ai commencé à être sollicité pour travailler en régie notamment au Palais des Congrès de Bordeaux, au stade Chaban-Delmas, et sur de nombreux événements d’entreprise. En parallèle j’ai toujours fait beaucoup de bénévolat pour des projets culturels (réalisation de clips vidéo, régie pour des petits festivals et autres évènements associatifs) ce qui m’a permis de me construire un réseau solide dans le secteur culturel bordelais. Depuis 2022 mon activité est donc principalement de travailler sur des spectacles en tant que régisseur son et/ou vidéo.
Comment en êtes-vous arrivé à la régie vidéo ?
Étant issu d’une famille cinéphile et ancrée dans l’audiovisuel événementiel bordelais, j’ai très tôt commencé à réaliser des petits clips vidéo et voulu travailler dans ce domaine. Je souhaitais initialement devenir cadreur mais avec l’arrivée des caméras PTZ (caméras pilotées à distance ) j’ai vite compris que l’avenir de ce métier se situait plus en régie. Le fait qu’il n’y ait pas de formations réellement dédiées à la régie vidéo événementielle, et étant donné que la plupart des jeunes techniciens veulent plutôt s’orienter vers le son ou la lumière, il y avait de réelles opportunités en régie correspondant à mes compétences. C’est de plus un poste technique à responsabilité.
Quels sont les enjeux et évolutions à venir dans ce domaine ?
Le secteur de la régie vidéo est en constante évolution. Ce qui signifie qu’il faut toujours se former pour être à jour des dernières avancées technologiques. Tous les équipements sont maintenant pilotables en IP, les caméras ont des capteurs de plus en plus sensibles, les vidéoprojecteurs sont de plus en plus puissants, le matériel de diffusion nous offre de plus en plus d’options pour accroître notre créativité et évidemment la définition des vidéos n’arrête pas de croître. Par ailleurs, la crise de la COVID 19 a transformé les habitudes de travail, le streaming vidéo est devenu incontournable.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous pour se lancer dans la régie vidéo ? Quelles sont les compétences essentielles attendues ?
Il faut être curieux, créatif, savoir apprendre par soi-même, et rester humble : la technique est exigeante, et on ne cesse jamais d’apprendre. Si vous souhaitez travailler dans le domaine événementiel, allez voir les entreprises et formez-vous sur leurs nouvelles machines. Si vous souhaitez travailler dans le milieu culturel, construisez-vous un réseau en faisant du bénévolat pour des associations et/ou pour des projets qui vous semblent prometteurs.
Les compétences essentielles selon moi sont : une rigueur organisationnelle, une bonne gestion du stress en live, et des qualités humaines fortes (écoute, communication, capacité à travailler en équipe). Enfin, être passionné aide beaucoup : on est souvent confronté à des horaires compliqués ou des imprévus, et c’est l’envie qui fait tenir.
NDLR : Alban animera une formation professionnelle « Fondamentaux vidéo pour le spectacle vivant » du 15 au 19 décembre 2025 à Saintes (infos et inscriptions ICI). Il intervient également sur toute la partie vidéo de la formation longue certifiante de Technicien du spectacle vivant et de l’évènementiel.